Respirer est le geste le plus naturel du monde, et pourtant, c’est souvent celui que l’on oublie le plus.
Pris dans le rythme du quotidien, on respire trop vite, trop haut, sans jamais remplir vraiment nos poumons. Résultat : le stress s’installe, l’énergie baisse, et le mental s’agite.
Le yoga et l’apnée sont deux disciplines qui, chacune à leur manière, réapprennent à respirer. L’une vient du corps et de l’esprit, l’autre du monde marin. Ensemble, elles offrent une approche complète et profonde du souffle, un véritable art de vivre.
Le souffle, pont entre le corps et l’esprit
Dans la philosophie du yoga, la respiration n’est pas seulement un acte physiologique : elle est une énergie vitale, appelée prana.
Le contrôle du souffle, ou pranayama, fait partie intégrante des huit branches du yoga selon Patanjali. À travers elle, on apprend à calmer le mental, à équilibrer les émotions et à canaliser l’énergie intérieure.
Dans l’apnée, le souffle est également au cœur de la pratique. Retenir son souffle, c’est apprendre à connaître ses limites, à les repousser en douceur et à gérer les signaux du corps. L’apnéiste ne lutte pas contre le manque d’air : il s’y adapte, il l’écoute, il le transforme.
Ces deux disciplines se rejoignent donc dans une même recherche : celle d’une respiration plus consciente, plus lente, plus maîtrisée.
Le yoga : apprendre à respirer en mouvement
Le yoga propose une multitude de techniques respiratoires, appelées donc pranayama, qui agissent à la fois sur le corps et sur le mental.
Voici trois pranayama a réaliser chez soi :
1. La respiration complète (ou respiration yogique)
Cet exercice apprend à utiliser toute la capacité pulmonaire.
Allonge-toi ou assieds-toi confortablement. Inspire lentement par le nez en gonflant d’abord le ventre, puis la cage thoracique, puis les clavicules. Expire dans le même ordre : clavicules, cage thoracique, ventre.
Fais-le pendant 5 à 10 cycles.
Bienfait : apaise le système nerveux, améliore l’oxygénation du corps et détend profondément.
2. Nadi Shodhana (respiration alternée)
Bouchez la narine droite avec le pouce, inspirez par la narine gauche. Bouchez la gauche avec l’annulaire, expirez par la droite.
Puis inspirez à droite, bouchez, et expirez à gauche.
Continuez plusieurs minutes, calmement.
Bienfait : équilibre les deux hémisphères du cerveau, améliore la concentration et prépare à la méditation — parfait aussi avant une séance d’apnée.
3. Ujjayi (le souffle de l’océan)
Inspirez et expirez par le nez, bouche fermée, en resserrant légèrement la gorge (comme si vous vouliez faire de la buée sur une vitre, mais bouche close).
Vous entendrez un léger son rauque et apaisant, semblable au bruit des vagues.
Bienfait : développe la capacité respiratoire, régule la température du corps et apporte une sensation d’ancrage.
L’apnée : écouter le silence intérieur
Contrairement à ce que l’on imagine, l’apnée n’est pas une lutte contre l’air, mais une méditation en suspension. Le travail du souffle se concentre sur la gestion du manque et la relaxation. Le but n’est pas de forcer, mais d’écouter. L’apnéiste apprend à se détendre avant même de plonger, pour économiser l’oxygène et ralentir son rythme cardiaque.
Voici deux exercices inspirés de cette discipline, accessibles à tous (même sans plonger) :
1. La respiration 4-8
Assieds-toi confortablement. Inspire par le nez pendant 4 secondes, puis expire lentement pendant 8 secondes.
Essaie de rendre l’expiration deux fois plus longue que l’inspiration.
Bienfait : diminue le rythme cardiaque, favorise la cohérence cardiaque et calme instantanément le mental.
2. Les apnées statiques douces
Allonge-toi, détends tout le corps. Inspire profondément, puis expire complètement. Inspire à nouveau lentement, remplis bien les poumons, puis garde ton souffle aussi longtemps que c’est confortable.
Quand le besoin de respirer revient, relâche sans forcer, puis prends deux grandes respirations.
Répète cela trois fois.
Bienfait : augmente la tolérance au CO₂, améliore le contrôle du souffle et apprend à rester calme face aux sensations.
⚠️ À faire toujours dans un endroit calme, allongé ou assis, jamais dans l’eau sans encadrement.
Deux pratiques complémentaires pour rééduquer la respiration
L’un des points communs entre yoga et apnée, c’est la rééducation respiratoire.
Nos modes de vie modernes (stress, écrans, pollution, sédentarité) nous ont appris à respirer de manière courte et superficielle.
En combinant ces deux disciplines, on retrouve une respiration plus naturelle, plus profonde et plus efficace.
Voici comment elles se complètent :
- Le yoga assouplit le diaphragme, libère la cage thoracique et améliore la coordination entre souffle et mouvement.
- L’apnée renforce la tolérance au CO₂, augmente la capacité pulmonaire et apprend à gérer les sensations liées au manque d’air.
- Ensemble, elles développent la maîtrise du souffle, la résistance au stress et la clarté mentale.
Cette synergie permet d’améliorer non seulement la performance physique, mais aussi l’équilibre émotionnel. On apprend à respirer autrement… et donc à vivre autrement.
La respiration : un outil de transformation
Respirer en conscience, c’est transformer sa relation au monde.
Chaque inspiration nourrit, chaque expiration libère.
Le souffle devient un guide : il indique l’état du corps, du mental, des émotions. En apprenant à l’écouter, on apprend aussi à s’écouter soi-même.
Beaucoup d’apnéistes se tournent vers le yoga pour mieux gérer leur mental avant une plongée, tandis que de plus en plus de yogis s’inspirent des techniques d’apnée pour approfondir leurs exercices respiratoires.
Ces passerelles entre disciplines montrent une chose essentielle : le souffle est universel. Il relie les êtres vivants entre eux, bien au-delà des frontières du sport ou de la spiritualité.
Le souffle, miroir intérieur
Le yoga et l’apnée nous ramènent à la même vérité : le souffle est un miroir.
Il reflète notre état intérieur. Quand il est court, c’est que nous sommes tendus. Quand il est ample et fluide, c’est que nous sommes en paix.
Apprendre à respirer, c’est apprendre à vivre avec plus de douceur, à trouver le calme au cœur du mouvement, le silence au milieu du tumulte.
Alors, que ce soit sur un tapis, au bord de la mer ou simplement dans ton salon, prends un instant pour respirer en conscience.
C’est souvent là que tout commence.
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